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Critiques de théâtre
18 septembre 2010

Reprise des Naufragés du fol espoir au Théâtre du Soleil

Les Naufragés du fol espoir, c'est le titre donné au film que réalisent une bande de précurseurs géniaux et enthousiastes au moment où la technique du cinématographe débute et où Jaures théorise ses rêves d'un socialisme humaniste et aimant. Scènes ratées, ambitions et cabotinages d'acteurs amateurs, trucages riducules et ingénieux à la fois, toute la magie du cinéma est placée sous les feux de la rampe. Mais c'est dès son arrivée que le spectateur est transporté dans un univers extraordinaire : restaurant tenu par des serveurs (les acteurs eux-mêmes!) en habits fin XIXème, fresques murales rappelant les éditions d'origine des romans de Jules Verne, premières affiches de cinéma... Et puis il y a la présence d'Ariane Mnouchkine qui tous les soirs accueille le public et qui crée à elle seule une atmosphère merveilleuse.

Bien sûr, Les Naufragés du fol espoir est un beau spectacle. On nous l'a dit et répété depuis sa création : Ariane Mnouchkine signe là une mise en scène raffinée et poétique comme elle seule en a le secret. Peut-être nous l'a-t-on trop dit... car on aurait pu s'attendre à être tenu en haleine les 3h45 durant, on aurait pu s'attendre à être envoûté par la magie du spectacle sans être jamais déçu. Ce n'est pas le cas. Le spectacle est long, trop long, il s'étire en scènes inutiles et répétitives. On se prend même à préférer l'enchaînement des scènes (le déplacement rapide et précis des décors, la course énergique des acteurs d'un bout à l'autre de l'immense plateau) que les scènes elle-mêmes dont les idées sont vite épuisées. L'enthousiasme autoritaire du réalisateur en chef qui rêve à son film ? Passée la mise en parallèle avec Ariane Mnouchkine elle-même, elle paraît un peu surfaite et niaise. Les rêves utopiques d'une humanité fraternelle et libre ? Le discours est connu et ne saurait souffrir autant d'explications. Réserver sa place en mai et s'impatienter jusqu'en septembre n'est donc pas une bonne idée : la réalité du spectacle, malgré ses qualités indéniables, est décevante.

Lou Grézillier.

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Commentaires
M
Ma chère Lou, c'est un plaisir de retrouver tes articles toujours aussi intelligents et remarquablement écrits. J'aimerais tant retourner au théâtre et connaitre le luxe de ne pas aimer un spectacle!! Vraiment il va falloir que je fasse un effort!!
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