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Critiques de théâtre
13 février 2011

Les Trois soeurs de Tchekhov. Mise en scène Alain Françon à la Comédie Française.

Dans une époque sans guerre ni torture, dans une époque où l’on ne sait pas pour quoi l’on souffre, reste la mélancolie. Les Trois sœurs dessine la lente évolution vers la résignation à s’adonner la mélancolie. Olga et Irina espèrent encore aller à Moscou au début de la pièce mais Macha déjà mariée à un professeur ne peut partir et bientôt ses rêves d’amour adultère partent en fumée. De même, l’incendie détruit les vestiges du passé, nouvelle disparition après la mort des parents des trois sœurs. Alors, puisque les souvenirs et les espoirs n’ont plus lieu d’être, il reste les larmes.

On passe d’un éclat de rire au désespoir comme changent les saisons (seuls événements dans la petite ville reculée qu’habitent les trois sœurs). Le jeu des comédiens, toujours à fleur de peau, est opérant sur les deux lignes directrices de la pièce. A la fois, tous rendent clairement compte de la progression dramatique : Irina parviendra-t-elle à se sauver dans le mariage ? La vulgaire Natalia, épouse du frère bien-aimé des trois sœurs, chassera-t-elle ces dernières de leur propre maison ? Et cependant, le jeu des acteurs de la Comédie Française, dentelle d’émotions, montre que le va-et-vient entre espoir et désespoir est permanent et qu’il est presque imperméable aux affres de la vie. C’est la condition humaine que de vouloir encore vivre lorsque le malheur rapproche les destinées des trois sœurs en une seule. Un mort, le départ de tous les amis, la solitude pour seul avenir, et toutes trois lancent dans le silence de la ville qui les entoure : « Il faut travailler, il faut vivre ! ».

Jusqu'au 28 mars 2011. Durée : 3 heures.

Lou Grézillier.


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