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Critiques de théâtre
16 octobre 2010

Toâ, de Sacha Guitry. Mise en scène Thomas Jolly, au TGP de Saint Denis.

Cela fait quelques années déjà qu'on nous serine le même air dans les émissions de radio ou de télé qui veulent bien (et nous les en remercions) parler de théâtre. "Non, non, ce n'est pas ce que vous croyez, Sacha Guitry n'est pas le misogyne fécond en vaudevilles faciles et inutiles que l'on pense". En sa faveur, nous l'admettons : la prose de Guitry a du ressort, de la dynamique, ses phrases ont quelque chose d'entrainant qui fait qu'on les écoute jusqu'au bout et qu'on en redemande (ce n'est peut-être pas un hasard si le dramaturge a écrit plus de cent pièces et a pu les publier). Mais le vaudeville reste le vaudeville par ses dénouement qui retombent comme des soufflets, avec en prime chez Sacha Guitry, un petit relent d'auto-satisfaction et de narcissisme...
Et on se dit que Thomas Jolly a fait un travail avec le Toâ de Sacha Guitry qu'il aurait pu mener avec n'importe quelle pièce un tant soit peu bien construite. Ce jeune metteur en scène et sa troupe la Piccola Familia s'amusent comme des fous. On joue avec le sens premier d'une réplique, on s'efforce de suivre les didascalies  qui se font entendre en voix off à la lettre, et puis il y a le bon vieux procédé de la mise en abîme : Sacha Guitry se met en scène sous les traits d'un auteur qui utilise sa vie pour confectionner un drame représenté sur le plateau. Quand l'ancienne maîtresse du dramaturge intervient pendant le spectacle les trois niveaux de théâtre se confondent. Qui parle? Sacha? l'auteur? le personnage de la pièce représentée?
Tous ces éléments ne suffiraient pas à faire un bon spectacle si Thomas Jolly n'avait travaillé sur le phrasé et sur le rythme des mots, seul véritable point fort de Guitry. Et pas des moindres car cela peut suffire à nous faire passer une excellente soirée. On ne s'ennuie finalement pas une seconde avec la Piccola Famillia. Et c'est si rare au théâtre que ça nous ferait presque aimer Guitry....

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