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Critiques de théâtre
18 décembre 2010

Andromaque, Racine. Mise en scène Muriel Mayette à la Comédie Française.

De facture assez classique, l'inattendu est moins venu de l'Andromaque mise en scène par Muriel Mayette que du public dont la réaction fut pour le moins étrange. Dès lors que la lumière baissait, marquant un intermède entre deux actes, le public toussait bruyamment, commentait sans vergogne ce qu'il venait de voir puis se replongeait dans une attention muette pour l'acte suivant. Sans doute lui était-il nécessaire de s'ébrouer, revenir à la vie avant de replonger pour une demi-heure d'apnée. Identification oblige, devant l'absence de corps sur scène, le spectateur s'interdisait même de respirer, d'autant qu'il lui fallait tendre l'oreille avec attention pour entendre certains acteurs qui se contentaient parfois de murmurer.
Muriel Mayette voit dans le théâtre de Racine "un théâtre de la pensée intérieure (...) un cri étouffé en musique". C'est pourquoi ses comédiens se tiennent immobiles et lancent le texte en volutes musicales qu'on croyait définitivement révolues. Certes, Pyrrhus, Andromaque, Hermione, Oreste sont en proie à un dilemme intime. Mais le poète de la passion qu'est Racine sait combien la pensée déborde sur le corps, par un tremblement de la main, de la voix, un regard, quelque chose enfin qui nous montre qu'il s'agit de vivants. Seule Léonie Simaga, qui interprète Hermione, dégage parfois une intensité salutaire. Outre cette mortification des corps, on appréciera le rythme rapide qu'exige la fatalité tragique. Et puis il y a le texte de Racine, cette merveille que l'on ne peut qu'entendre avec plaisir.

Jusqu'au 14 février salle Richelieu. Durée : 2h.

Lou Grézillier.

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