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Critiques de théâtre
27 mars 2010

Description d'un combat de Maguy Marin

Des tissus sont entassés les uns sur les autres, plongés dans une pénombre qui ne sera jamais levée. Nous n'apercevons que des couleurs qui se découvrent les unes après les autres, au fur et à mesure que les neuf danseurs enlèvent les tissus. Le bleu d'abord évoquant cette mer porteuse de promesses pour les soldats argiens dont Homère a loué les exploits. Ulysse, Achille, Ajax sont les modèles dont les guerriers futurs seront les héritiers fidèles. Et lorsque les textes de Victor Hugo et de Charles Péguy sont dits par les danseurs pour se mêler aux vers de l'Illiade, la matière épique qui rassemble ces oeuvres semble confondre Antiquité et siècles modernes.
Après le bleu, ce sera l'or et les honneurs militaires dont est chargé son éclat. Puis ce sera le rouge sang et enfin la terre où sont étalées, inertes, les armures des hommes tombés au combat. Pure beauté sur la scène... mais qui peine à nous toucher.
La pénombre qui nous empêche de voir les danseurs est une frustration. Pourtant, la mort apparaît comme l'acmé de la vie dans le texte d'Homère: la violence du combat, les entrailles arrachées montrent toute l'énergie et la puissance des corps des héros. Mais de tout cela nous n'apercevrons qu'une chose : les danseurs qui se baissent pour enlever les tissus et se redressent lentement. Reconnaître le caractère sublime de la violence n'est pas lui faire hommage. Homère l'avait compris, Maguy Marin semble ne pas être d'accord... à nos dépens.
Lou Grézillier.

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